24. Presque septuagénaire et plongé dans les couches

Le temps file de plus en plus vite, et désespérément à sens unique...

C'est déjà le premier anniversaire des jumeaux, et avec tout le boulot qu'ils nous donnent, j'ai à peine vu tout ça passer. On n'a pas organisé de fête, étant comme qui dirait bien vaccinés des désirs de ce genre, mais Marylène Bertin est venue sonner pour prendre de nos nouvelles, alors on l'a invitée à souffler les bougies avec nous. Elle nous a d'ailleurs refait le coup du pouet-pouet d'encouragement à bien grandir quand je faisais souffler les bougies à Elim. D'ailleurs, lui, il nous a refait le coup de Léonard: il voulait pas grandir. C'est ptêt bien le pouet-pouet qui les terrifie, après tout.

Ca a fait du bien à Irène, cette visite à l'improviste, même si ça rappelle aussi forcément des souvenirs qu'on laisserait bien verrouillés à quatre tours dans leur boîte.

Enfin, elle change pas la Marylène : elle s'est encore jetée sur les restes moisis sans attendre qu'Irène lui serve quelque chose.

Mais quand elle a abordé le sujet dont on parle pas, Irène en a tressailli...

"Vous savez Madame Pilgrim... Irène, je peux vous appeler Irène, je voudrais pas... enfin, je voudrais que vous sachiez que quand ils vous ont pris les petits, moi, j'ai été de votre côté. Je vous défends quand je peux quand ça jase en ville".

"Et puis vous savez, les gens, faut pas écouter leurs racontards, j'veux dire, c'est vraiment tout petit New Frontier et on n'est pas si nombreux que ça, c'est normal que ça fasse l'effet d'une grosse bombe ce qui vous est arrivé, mais faut pas vous laisser démolir, Mme Pilgrim, enfin Irène... Et je voulais vous dire aussi, c'est pour ça que je venais en fait... si vous prévoyez avec votre mari de retenter le tribunal, ben moi je peux témoigner, si vous voulez. Je sais que vous me l'avez pas demandé la première fois, je comprends, j'avais dit que c'était désastreux chez vous la dernière fois... mais à la réflexion, c'était pas vrai et vous vous occupiez bien de vos enfants, je pourrais raconter l'anniversaire de Léonard. Je dirai juste pas que Léo il m'a forcée à nettoyer la niche"

"Marylène, du fond du coeur, je vous remercie. Tout le monde m'a tourné le dos depuis qu'on nous a pris les petits, vous êtes la première... Merci, vraiment".

C'est à croire que les jumeaux, ils attendaient pour grandir que leur mère ait fait la paix avec elle-même et retrouvé l'envie de se battre pour ses gosses.

Du coup, ils se sont rattrappés avec un festival de confettis. C'est Karim qui s'est lancé le premier. Lui aussi, il nous a refait le coup des cheveux qui poussent de 50 cm d'un coup avec lui, mais plus rien m'étonne dans ce monde en matière de croissance capillaire. Et puis, faut dire que j'étais occupé à me dire qu'il faut absolument qu'on revoie ce qu'on a à leur mettre sur le dos : le petit costard rose, là, c'est un peu trop aggressif pour mes vieilles cataractes, et ça chante pas franchement un  hymne au bon goût.

Elim a embrayé dans l'immédiate foulée, dans les bras de sa maman. Ce gamin, on dirait moi en miniature, c'est un peu comme se regarder dans un miroir rétrécissant à la fête foraine, ça fait tout bizarre.

La gentille et discrète Marylène, comme à son habitude, a préféré se faire petite et nous laisser vivre ça en famille, et elle s'est éclipsée dehors pour aller faire du bruit sur la batterie de Léopold.

Mais c'est pas parce qu'on comprend mieux pourquoi ils pleurent et piaillent tout le temps qu'on est moins débordé par les jumeaux....

Faut dire qu'au niveau de l'aide, ça s'arrange pas non plus en vieillissant.

"Bonjour, M'sieur Léo ! Z'êtes toujours en vie aujourd'hui ! Ca, vous tenez la forme, y a pas à dire ! Déjà que j'aurais pas dit que vous referiez des gosses après ce qui vous est arrivé avec celui qu'était tout bizarre... comment il s'appelait déjà ?"

Si Irène avait pu la tuer du regard à cet instant là... Elle a jamais autant regretté de pas être devenue génie du crime.

D'ailleurs, un peu plus tard, elle a craqué dans la cuisine.

"Ben qu'est-ce qu'i y a, Mame Pilgrim ? C'est encore des restes du baby blues un an et demi après ? Remarquez, j'comprends, avec deux bébés et un mari tout vieux qui va bientôt mourir..."

Cécile, plus le temps passe, et plus j'ai envie de pas partir sans m'être offert le plaisir de l'avoir étranglée avant.

Irène l'avait persuadé de nettoyer à cause des biberons qu'elle s'amuse toujours autant à entasser en espérant qu'ils vont se multiplier tous seuls... Je sais pas comment elle a fait son compte, mais nettoyer, pour elle, ça veut dire amasser les imondices AUTOUR de la poubelle.

Résultat, le petit Karim a bu son biberon à côte de CA. J'ai failli passer l'arme à gauche d'une crise cardiaque, j'voyais déjà les services sociaux se ramener et nous les enlever eux aussi.

Heureusement qu'on a des satisfactions avec les petits. Karim est un vrai miracle de la nature. A la différence des autres gosses qu'ont besoin qu'on leur fasse répéter accroupis, il a appris à parler tout seul, juste en nous écoutant : quand il a eu faim, il a dit "bibi, bibi" à sa mère. Ca a été son premier mot. J'aurais préféré papa, mais tant pis, je ne vais pas me plaindre que mon gamin soit génial. Irène est aux anges.

Le petit Elim nous a fait la même surprise quelques semaines plus tard. Il a demandé tout seul à sa mère de le changer. Là, j'aurais carrément préféré qu'il dise "Papa" en premier plutôt que "popo", mais j'étais fier quand même de mes deux bouts de chou.

Docile, qui tient de sa mère, joue les nounous attentionnées avec les petits. Finalement, j'ai pas tout raté, le Pilgrimhound est un bon chien avec les mômes, et les miens sont adorables (les mômes, hein).

Enfin... cette amitié toutou/bébé a pas que des avantages. Karim suit Docile partout et il a rien trouvé de mieux que de le suivre vers sa niche, en sortant à notre insu dans la neige. Ca me dépasse : il sait pas encore tout à fait marcher, mais il a réussi à ouvrir la porte de derrière... Là non plus, sa précocité rend pas toujours service...

Bref, comme on l'a pas vu faire, on savait plus où il était passé. Irène a complètement paniqué, elle voyait déjà que les services sociaux avaient rappliqué pour nous l'enlever à cause du biberon à côté des imondices. Et puis quand on l'a retrouvé, j'vous raconte pas comme on a eu peur qu'il ait perdu un doigt en se congelant ou quelque chose du genre !

Irène a pas décoléré contre Douce et Docile, disant que c'était de leur faute s'ils attiraient les petits dehors. Elle te les aurait collé à la fourrière si je l'avais laissée faire !

J'ai donné un bon bain moussant au petit, en espérant que ça le réchauffe. J'espère qu'il y a pris goût, je serais triste que mes gosses aiment pas ça autant que moi, c'est un des meilleurs trucs que j'ai à leur léguer.

Mais avec toutes ces émotions du quotidien, moi, le soir, j'suis lessivé. Et ça m'inquiète. Par moments, je me dis que ça a été de la douce folie de refaire des enfants aussi tard.

Heureusement, les petits chassent ce genre d'idées réalistes assez vite. Karim est propre maintenant, Irène était pas peu fière, elle qui adore leur apprendre des trucs.

Avec Elim, par contre, ça risque de prendre un petit peu plus de temps. Il gigote comme pas possible quand on le pose sur le pot, à croire qu'il pense qu'on lui veut du mal quand on le pose sur le machin rouge.

M'enfin ça vous passionne peut-être pas des masses non plus, de savoir comment mes fils gèrent leurs excréments.

La bonne nouvelle, c'est que j'ai presque fini mes mémoires. Je les ai proposés à une maison d'édition sans trop y croire... et bien non ! Ma triste vie de déboires intéresse, apparemment. J'ai même reçu une avance de 2177 simoléons, rien que ça !

Je me suis senti si créatif que j'ai décidé de peindre un portrait d'Irène. Elle a mis sa belle robe, celle que je lui ai achetée avant la naissance de mon pauvre petit Léopold et qu'elle a bêtement jamais eu l'occasion de porter.

On pourra le mettre à côté du mien, quand j'étais encore jeune et fringant. Avec un peu de chance, si mes descendants les gardent, d'ici à 5 ou 6 générations personne n'aura idée qu'on avait une telle différence d'âge et on donnera l'image du beau couple idéal pour l'éternité.

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Comments

[Toutouche]

Ben tu vois Sasyame, la suite est là ce soir, pour ton café du matin ;-)

J'ai vraiment eu du bol dans mon pas-de-bol, PKiwee, parce que quand l'assistante sociale est arrivée pour Léopold, Léonard et Lécifer, Irène avait 43 jours, soit 2 jours de la "ménopause Sim". Comme Léo n'était plus non plus de première fraîcheur, il leur a fallu "essayer de faire un bébé" à je ne sais plus combien de reprises avant d'entendre la petite musique, surtout qu'ils n'arrêtaient pas de pleurer au milieu, histoire de me briser le coeur.

Je suis vraiment passée à deux doigts du "game over". Niveau points de pénalité, en revanche, j'ai décidé à partir de là que je ne jouais pas pour le score... Je les compte, mais ça me fait surtout rire de voir comment les points chèrement acquis s'annulent pour rester au ras des pâquerettes. Parce que des pénalités, vous verrez, y en aura d'autres !!!

[PKiwee]

Belle histoire assez sympa...moi perso, j'ai recomencé mon légacy trois fois a cause des enfants retiré pas l'assistante et les pénalités incéssantes....mais toi tu es arrivé a survivre!!! bravo!!!

[Sasyame]

Merci Toutouche

Encore un beau récis agréable a lire avec tout plain d'humour.
J'ai vraiment hâte de voir la suite.
J'avais lus ta Mis a jour il y a 2jour, mais j'avais pas encore eu le tmeps de te mettre un ti mots.
Alors voila, tu as eu ma visite.

a bientot