17. L'anniversaire de Léopold

Irène a enfin trouvé le moyen de canaliser l'énergie inemployée de Cécile en usant de son pouvoir de persuasion. C'est énervant quelque part vu qu'elle est déjà payée et qu'après ça il faut la PERSUADER de travailler, mais Irène a un côté manipulateur dont vous avez dû vous rendre compte, et il lui déplaît pas forcément de s'en servir.

Ce soir, c'est l'anniversaire du petit. Ca me rajeunit pas ! Enfin, à part un nouveau coup de vieux dans ma tronche, tout roule si on me demande mon avis...

... mais ici, on me le demande pas toujours. Irène s'est mis en tête d'organiser une fête pour l'anniversaire du petit. C'est pas que sois franchement contre. Mais avec une femme enceinte qui tombe d'inanition toutes les deux minutes et une nounou demeurée qui vous fait sa plantation de biberons qu'elle laisse à moisir après, je la sens pas forcément bien s'annoncer comme l'éclate totale, la soirée.

Enfin, de toute façon, on m'a pas laissé argumenter, Irène avait déjà lancé les invitations en disant que ça lui boosterait le moral...

Le petit non plus, il l'entendait pas de cette oreille. On a à peine eu le temps de sortir le gâteau commandé un peu dans l'urgence et y avait seulement Vanessa Andersen (vous savez, mon ancienne collègue de l'armée: Irène s'est prise d'amitié pour elle et son franc parler) qui avait eu le temps d'arriver. Il était tellement pressé de grandir qu'il a pas attendu qu'on souffle les bougies : pouf, c'était un petit garçon, qui nous a fait une fois de plus le coup de pousser d'un coup.

"Irène, ça m'a l'air cuit pour la cérémonie du gâteau qui te faisait tellement plaisir..."

Vite, vite, on se démonte pas ! Je me suis tapé le mitonnage du rôti de porc pendant qu'Irène faisait la causette à des types qui se souvenaient soudain qu'elle était leur meilleure amie alors que ça faisait plus de 5 ans au moins qu'ils s'étaient pas vus. A ma connaissance, du moins. J'aime pas ça. D'ailleurs, j'ai vu qu'Andersen a tiqué aussi.

Enfin, c'est pas le sujet... Comme personne avait l'air de s'amuser, on a sorti du champagne de derrière les fagots pour trinquer en l'honneur d'Irène, qui va bientôt avoir son bébé. Mais ça s'est avéré être une boulette de plus, parce que le petit l'a pris super mal :

" - Mais c'est MON anniv' ! Pourquoi vous êtes tous après Maman et le bébé qu'existe même pas ??? Papaaaa ! Dis-leur que c'est mon anniv' à moi ! Et puis j'veux boire avec vous, d'abooooord !!!! Ouiiiiin !
  - Léopold, tu es un grand garçon maintenant, ne fais pas le bébé. Le champagne, par contre, c'est pour les garçons encore plus grands, tu peux pas en avoir pour l'instant.
  - C'est pas juuuuuste que vous vous amusez avec vos copains à vous, c'est pas juuuste, c'est mon anniv' à moi !"

On s'amuse, on s'amuse, c'est vite dit...

Le champagne, c'était loin d'être une idée de génie. D'ailleurs, à la réflexion, Irène, enceinte, elle aurait même pas dû y tremper les lèvres. Je sais bien que c'est pas moi le toubib ici, mais quand même.

Enfin, bref, tout juste si elle a goûté à sa coupette qu'elle a eu, comme qui dirait, une fuite de femme enceinte presqu'à terme. Si on me demande mon avis, tout ça, c'est pas si grave, et ça fera jamais qu'un peu de ragotage pas méchant.

Mais à part les chiens et moi, tout le monde vit ça comme un drame : Irène est partie se cacher parce qu'elle mourait de honte et le petit, il est rentré dans une colère noire.

D'abord, il a fallu qu'il nettoie à tout prix...

"C'est saaaaaaaaaaale ! Maman t'es dégoûtante !!!! Pouah, je te cause plus !"

Ca, c'était au cas où Irène soit pas suffisamment gênée comme ça.

... et après ça il est parti bouder dans notre chambre en hurlant qu'il aimait pas Maman, ce qui a achevé Irène qui prend décidément tout trop à coeur avec ses hormones.

Et quand il a fini par se décider à sortir de notre chambre, il était encore tout énervé. Moi, j'vous l'dis, ce gosse, il est en colère pour un rien. Même lui il pourrait pas dire à quoi il pense quand il fulmine.

Moi ? Franchement, désastre pour désastre, je me suis lassé le premier, j'vais pas me crever à essayer d'empêcher le Titanic de couler. Et puis j'ai un "je l'avais bien dit" qui me démange.

De toute façon, le petit était bien décidé à la saborder, sa fête. Pour peu que quelqu'un se mette à danser, il éteignait la chaîne direct. Faudrait pas que quelqu'un vienne à s'amuser...

Finalement, j'aurais peut-être dû me donner un peu de mal. Le petit, ça l'a complètement chamboulé, cette histoire d'anniversaire raté. Il est allé chasser sa mère de la douche pour l'assomer de reproches. Si j'avais su, je lui aurais pas appris à parler.

Quant à Irène, elle tirait une tronche de vingt mètres en raccompagnant les invités, et elle a même pas pensé à foutre une fessée au petit pour lui avoir mal parlé.

Je sais pas si c'est le mourron qu'elle s'est fait pour rien autour de cette histoire, mais ça a été comme pour Léopold : on n'a pas eu le temps de prendre la voiture pour filer à l'hôpital que le petit pointait déjà le bout de son nez. Ca devient une mauvaise habitude, d'accoucher à l'ancienne dans notre lit.

Oui, un deuxième petit mec ! Léonard, qu'on l'a appelé : comme moi et comme Léopold, mais avec "nard" à la place.

"Maman, beurk, t'es toute dégoûtante, les draps ils sont tous sales, vite, vite, faut les changer !!!"

Je sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve qu'il a de drôles de réactions, Léopold.

En tout cas, Irène a retrouvé le sourire et a arrêté de ruminer cette stupide histoire de fête ratée. C'est vrai qu'il est adorable, le petit Léonard.

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Comments

[Toutouche]

J'appliquerai dans les générations suivantes (la personnalité de Léo est indécrottable...). Pour celle-ci, par contre, c'est malheureusement plié !

[fonsine]

Mes sombres pronostics se confirment ! Un conseil (pour avoir eu le problème avec Daphnée Pasher) qu'Irène se lave quand le gamin est à l'école, il ne verra pas qu'elle a inondé la salle de bain.