20. Retour en fanfare et pétard !
Toutes ses affaires en ordre, Atiya a sauté dans un taxi à 4 heures du matin. Elle a fait un crochet par la boutique pour s'acheter tout un tas de fringues qu'elle n'aura pas le temps de porter en une vie, sans manquer d'expliquer à un pékin qui passait par là qu'elle avait été star du campus et comptait bien être celle du pâté de maison, ce qui a dû le passionner... mais on dirait que l'ironie, c'est pas son truc, au bougre.
Et à 6 heures du matin pétantes, elle est arrivée pétaradante avec le soleil qui n'allait pas tarder à faire éclipse sur la vie de la pauvre Lise...
... qui dormait du sommeil de la juste dose de tequila en faisant des rêves roses et bleus, quand Atiya s'est plantée d'un air placido-patibulaire sur son lit.
Elle a dû se sentir soudainement encerclée par une déferlante d'ondes négatives, parce qu'elle s'est réveillée en sursaut.
"Bonjour marâtre, enfin "bon" façon de parler bien sûr... Ici, c'est ma chambre maintenant. Toi, je t'ai aménagé un petit coin dans la pièce du fond, tu verras, c'est un échange non-standard. Et pense à me remercier d'être trop gentille au fond de t'y laisser et de pas te coller à la rue !"
Lise n'a pas même osé la contredire, elle a dû avoir peur qu'elle lui fasse un croche-patte dans l'escalier en colimaçon.
"Ben Maman, pourquoi tu dors avec nous dans notre chambre ? Pourquoi y'a une autre dame que toi avec Papa sur les images ? Qui c'est ?"
"Alors la marâtre, mal dormi j'espère ? Ca se passe comme t'avais prévu, le veuvage doré ?"
Il n'y a pas que la qualité de vie de sa belle-mère qu'Atiya a décidé de réaménager avec la douceur d'un bulldozer : elle a revu le caveau familial aussi. L'urne de son père est désormais à côté de celle de sa mère, "comme ça n'aurait jamais dû changer".
Moi, je remarque surtout que l'urne de son père est occupée à voler dans les airs pour éviter d'avoir à croiser les autres fantômes... Et je me retiens de pas aller la briser à coup de maillet de mon intime conviction...
... si du moins j'en avais le loisir, car les coups de maillet continuent de s'abattre en plein dans ma cuisine, je doute qu'on puisse ravoir le parquet.
Voir Atiya jouer à la Cendrillon-kung-fu avec sa marâtre, c'est un vrai conte de fées... Ca me fatiguerait moins d'aller bosser que de rester en congé maternité !
Mais pourquoi tant de méchanceté gratuite...
... en même temps, manquerait plus qu'elle les fasse payer !
Mais, sans lui chercher d'excuses, quoiqu'un peu lâchement de ma part, je crois qu'Atiya est aussi très frustrée. Nick Bodin et acolytes ont mis leur menace à exécution : sa demande d'internat à l'hôpital de New Frontier a été refusée.
"J'te jure Leokadia, j'me laisserai pas faire, c'est juste un obstacle passager ! Ce vieux saligaud essaie de montrer qu'il peut mettre toutes ses menaces à exécution, mais j'serai plus maligne que lui, tu verras..."
"- Enfin Atiya, Nick Bodin, c'est pas un petit joueur, il a des connexions puissantes, c'est pas un problème que tu peux dissiper d'un claquement de doigt, sauf si tu tiens pas vraiment à tes phalanges... Et comme il vient de te le montrer, lui, il se contente pas de menacer au hasard qui il croise de le disséquer en espérant que ça l'impressionne...
- Hey ! C'est pas parce que j'ai jamais eu à m'en servir jusqu'à maintenant que je peux pas te montrer comme c'est impressionnant !"
" - Moi j'suis pour toi, grande soeur !
- Oh ben c'est gentil ça ! Tu sais ce qui ferait vraiment plaisir à ta grande sœur toute déboussolée, ça serait que tu lui promettes de lui signer un petit papier pour qu'elle puisse s'occuper de la maison à ta place, pour te laisser plus de temps pour jouer avec la belle playstation que je vais t'acheter !
- Ne promets rien, Guerlain !"
Déboussolée, déboussolée... elle en perd pas pour autant le nord, de se retrouver à l'ouest pour son internat...
Elle est toujours aussi confiante en l'issue de son plan ultime avec le petit Guerlain...
" - Dis grande soeur, c'est vrai qu't'es super forte
à l'école ? Tu m'aides pour mes d'voirs, dis, j'ai une rédac' super
dure à faire ?
- Pour l'école ! Pouah ! L'école, ça sert à rien !"
Elle n'est pas d'humeur à partager, mais je crois que je commence à voir où elle va...
En tout cas, une à qui la vie sans Atiya réussit, c'est Salomé. Inquiète au début, comme toujours, elle a découvert que n'avoir plus que ses disserts à elle à faire sans aucune commande de peinture, ça lui faisait de sacrées vacances.
Et puis elle peut assommer qui bon lui semble en voyant son Sylvain quand elle veut !
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