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Le legacy challenge des Pilgrim
Le legacy challenge des Pilgrim
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15 septembre 2007

21. On frôle le surmenage

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Irène aussi se fait un sang d'encre pour Léopold. Bien trop. Elle avait à peine fini de laver toutous et bambins à grandes eaux qu'elle a perdu les siennes et que les contractions ont commencé. Trop tôt, bien trop tôt.

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Elle a accouché à même le carrelage de la salle de bains. Ca l'a laissée tellement interloquée qu'elle est restée à contempler la petite sur le sol, pendant que Léonard s'était jeté sur la nourriture des chiens à force d'attendre son biberon.

Quand il a fallu déclarer un nom à l'état-civil, Irène a lancé : "Lécifer" ! L'employé d'état-civil en est resté bouche bée, et on a reçu un coup de fil des services sociaux qui nous ont dit qu'ils nous avaient à l'oeil. On était pas fier après coup, mais c'est plus possible de changer le prénom de la petite.

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L'autre bonne nouvelle (la première, au cas où ça ait pas été évident, c'était la naissance de Lécifer), c'est aussi que cet heureux évènement, son prénom et le coup de fil des services sociaux exceptés, nous a apporté un peu de répit avec Léopold : lui qui rêvait de voir la famille s'agrandir, il a été ravi de voir son souhait se réaliser.

La mauvaise nouvelle, c'est que le répit n'a été que de courte durée. Le petit, il a toujours eu des problèmes pour aller se coucher. Depuis qu'il a peur de revoir Armaghédon, c'est devenu encore plus compliqué. Maintenant, il refuse de dormir dans son petit lit, il dit que le fantôme l'y attend. Il a insisté pour dormir dans notre lit, on n'allait pas lui refuser.

Je sais pas vraiment ce qui s'est passé, s'il a hésité à rentrer dans le lit, ou bien voulu bien tirer les draps avant de les redéfaire pour se coucher, ou bien si c'est d'être tombé sur l'urne de Ghédon qu'on a rapatriée dans notre chambre en espérant que ça calmerait le fantôme de plus être relégué au fin fond du jardin (vous connaissez mon leitmotiv : pas une riche idée, une fois de plus), mais toujours est-il qu'il est tombé dans les pommes au pied même du lit. Et retomber dans les pommes, c'est ce qu'il redoutait le plus.

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Enfin non... juste au-dessus dans la liste de ses angoisses, y avait revoir le fantôme de Ghédon.

Et Ghédon, au lieu de rester dehors à faire ses gros trous pour nous signifier qu'il était pas content du tout qu'on ait toujours pas retrouvé Ela, s'est dit qu'il allait être sage et rentrer dans son urne (mauvaise idée, donc, l'urne dans la maison...). Enfin... il s'est aussi dit qu'il n'allait pas manquer de faire un coucou à Léopold  d'abord. Retour à la case départ, le môme est de nouveau au 36° dessous.

Irène a pris rendez-vous pour lui chez Thierry Maboul, demain. J'suis pas emballé que mon gosse aille voir un psy, mais là, on sait plus quoi faire.

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Enfin, le Thierry Maboul, il connaît tout de même un peu son affaire. Enfin... un peu. Le petit était rasséréné d'avoir discuté avec lui le lendemain. Enfin... un peu.

Maboul a fait une espèce de profil. Il a un genre de barème, avec des points d'évaluation des personnalités, sur une échelle de 10. Je trouve ça hyper réducteur, mais bon, paraît qu'on se la ferme quand on n'est pas le spécialiste. Enfin, bref. Dans son échelle à la noix, le gosse il a 10 points de propreté (merci Thierry Maboul, on n'avait pas du tout remarqué), et à côté de ça il a 10 points d'activité, 2 points de sympathie (autrement dit, il l'est pas vraiment, sympa, d'après l'autre), 2 points d'extraversion qui en font pas beaucoup et 4 points d'espièglerie.

De ce bins, le Maboul nous a sorti qu'on avait non seulement un fils hyperactif, mais qu'il avait un problème d'inhibition, renforcé par un complexe d'Oedipe bidule exacerbé, tel qu'il l'a démontré avec sa colère démesurée envers sa mère lors de cet anniversaire de mes deux, dont paraît-il il a encore parlé au Maboul, et aussi un problème d'hypocondrie machin truc, un genre de maladie de la tête qui fait qu'il pense qu'à tout nettoyer pour pas tomber malade et qu'il invente des monstres "imaginaires" comme des fantômes. Imaginaires, imaginaires, c'est facile à dire tant qu'on n'en a pas vus, de fantômes...

Irène, elle, elle pleurait en entendant le diagnostic. Moi, pour vérifier que j'avais bien compris la tambouille de mots qu'il nous a servie, je lui ai demandé si ça voulait dire que le petit était comme une cocotte minute prête à faire péter le couvercle.

"C'est tout à fait ça, en termes... disons... imagés". J't'en foutrai moi des termes imagés. Ca fait belle lurette que tout ce qu'il nous a sorti, je l'avais remarqué aussi. Je sais moi, qu'il est maniaque mon môme et qu'il veut tout le temps faire pleins de trucs qu'il peut pas sans pouvoir rester en place deux minutes. J'avais pas besoin de gros mots pour le raconter. Surtout qu'il a servi à rien, le Thierry Maboul. Paraît que c'est pas "déontologique" de prescrire des médocs à un petit aussi jeune, faut être patient, suivre tout ça. Si les troubles persistent à l'adolescence... blablabla. Il veut rien faire d'autre que discuter avec lui.

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Et pour tout vous dire, moi non plus ça va pas. J'ai cru que c'était une bonne idée d'engager une deuxième nounou, que si elles s'y mettaient à deux, ça ferait peut-être comme un quart d'Irène ou de moi.

Ben le résultat, vous le voyez : Léonard, le gamin le plus doux et le plus patient qui soit, il en était réduit à hurler à la mort pour qu'on vienne le nourrir, le langer, le baigner... enfin tout ce pour quoi elles sont payées, en résumé.

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Elles sont bêtes à un point que Douce, qu'est loin d'être une lumière de toutoune et qu'a mis un temps fou à comprendre comment venir au pied, à côté, c'est Einstein.

Elles ont sorti le petit du landau et elles sont restées à débattre pendant une demi-heure de qui ferait quoi.

   " - Ben si vous le changez, Cécile, il faudrait que moi je fasse le biberon alors.

    - En même temps, le biberon c'est mon rayon, et puis je sais comment sont rangées les choses dans le frigo. Vous devriez plutôt le langer, Karelle.

     - Est-ce qu'il est pudique, Cécile ? Parce que si c'est vous qu'il voit comme sa nounou attitrée, peut-être que ça pourrait lui bousculer ses repères, à ce petit, de se retrouver tout nu devant moi qu'il connaît pas encore bien. Non, je vais plutôt m'occuper du biberon.

    - Bon ben alors faut que je vous montre où qu'il est et comment que marche le stérilisateur, Karelle. Venez, restons pas là"

Ben non, hein, faudrait pas rester et risquer de s'occuper du gosse !

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Résultat, le petit il a dû venir me chercher alors que j'arrivais tout juste du turbin pour que je lui donne son bain, pendant que les deux morues elles étaient occupées à débattre de qui changerait Lécifer.

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Ca me fait mal de le reconnaître, mais je perds complètement la boule. Quand j'ai eu fini de donner son bain au petit, je suis passé par l'extérieur pour aller le coucher. Me demandez pas pourquoi, je perds la boule je vous dis.

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Et ça me fait mal de le reconnaître, mais j'ai posé le petit par terre. Dehors. Ca m'a frappé d'un coup, ça n'avait aucun sens d'être dehors pour aller le coucher, j'me mets à faire n'importe quoi comme la vieille Cécile.

Le petit, d'ailleurs, il était tellement épuisé par les bons soins de Cécile et Karelle qu'il s'est endormi tout de suite. A même le sol. Dehors.

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Et moi... moi... j'agitais les bras comme un dément, j'me faisais peur à moi-même.

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Il a fallu que j'aille me faire un café serré pour reprendre mes esprits.

Pendant tout ce temps, j'ai laissé mon pauvre petit Léonard dehors, comme ça, par terre. Croyez pas que je sois fier de le répéter, bien au contraire : j'arrête pas de le dire parce que j'en reviens toujours pas. Il s'est mis à hurler en ouvrant les yeux, je le comprends bien d'ailleurs, le pauvre gosse. D'ailleurs, c'est ça qui m'a resaisi. J'ai pas osé raconter tout ça à Irène, j'ai peur qu'il soit traumatisé comme Léopold. Thierry Maboul, il m'a fait peur avec toutes ses histoires d'évènements marquants de la petite enfance, qui restent gravés dans la mémoire toute la vie et que soi-disant si on a vu des cafards à un an et demi, ça reste estampillé dans les souvenirs.

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Tout ça, c'est à cause de tous ces tracas avec Léopold...

Le petit, il s'intéresse toujours pas plus à la télévision, alors j'ai joué avec lui aux fléchettes dehors. Ca a bien marché, ça lui a changé les idées, lui qui se sentait tout seul et qu'avait la tête remplie de soucis.

Le problème, c'est que Ghédon a encore inventé une nouvelle activité. Et il a fallu que le petit le voie... A chaque fois, il est encore plus mal en point et ça s'avère plus difficile pour le remonter. Là, je sais pas comment on va faire. Irène a appelé Thierry Maboul pour avoir des conseils, il lui a dit qu'il fallait qu'il extériorise sa peur en dessinant ce qu'il a vu (enfin l'autre empaffé a dit "qu'il a cru voir")...

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Le v'là, le dessin que le petit a fait du "monstre". Vous avez vu ce cou gigantesque de bête géante prête à mordre qu'il lui a fait ?

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